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Le projet économique de Rémy Nainsouta
vendredi, 2 mars 2012
/ Mazamba Tédie

REMY NAINSOUTA : son projet, son combat

Introduction

La préoccupation première de Rémy Nainsouta était la réalisation d’un développement économique de la Guadeloupe axé autour de son environnement géographique (la Caraïbe) et de ses ressources naturelles. C’est ce but ultime qui guide toute sa réflexion économique et sociale. Il va sans dire qu’au regard de l’attachement de cet homme à la France, il ne s’agissait nullement d’un projet d’indépendance vis-à-vis de l’hexagone.

Pourquoi ce texte sur Rémy Nainsouta ?

Rémy Nainsouta est connu aux Antilles sans l’être véritablement. La lecture des textes et des conférences données par Rémy Nainsouta et notamment quelques passages sur le capital humain nous a captivé à un moment où nous faisions une recherche sur l’histoire de ce concept économique. Nainsouta est alors apparu à nos yeux non comme un auteur strictement local mais ayant une dimension toute autre par son originalité et ses idées novatrices.

Nous allons développer sa pensée par le biais de deux thèmes.

- Le premier apparaît tout à fait novateur. En effet, il s’agira pour nous de montrer que Rémy Nainsouta fait partie des premiers auteurs à avoir utilisé le terme de capital humain. Nous rappelons que Schultz est reconnu par les économistes comme étant l’inventeur de ce terme. Toutefois, Remy Nainsouta ne donne aucun argument théorique qui puisse étayer le fait que l’éducation, par exemple, puisse être considérée comme un capital. La voie que nous suivrons dans ce texte n’est donc pas théorique.
- Le deuxième thème étant plus large puisque nous allons nous intéresser à la pensée économique de Rémy Nainsouta et de façon plus précise à son projet économique et social pour la Guadeloupe. Nous verrons que ses préoccupations d’alors n’étaient pas trop différentes de celles exprimées par les économistes et les politiques d’aujourd’hui.

Le concept de capital humain

Nous pouvons dire pour simplifier que l’analyse économique autour du concept de capital humain s’est développée en deux grandes phases.
La première a établi l’importance de l’éducation, de l’apprentissage et de l’expérience professionnelle dans la détermination de la richesse d’un pays par le biais de ses effets sur le niveau de productivité des travailleurs (Petty, Smith, Pigou, etc.). La deuxième a défini clairement le concept en montrant que l’éducation est un investissement au même titre que le capital physique et conséquemment en qualifiant l’éducation et la formation de capital humain (Becker, Mincer, Schultz, etc.). Ce dernier étant désormais vu comme un facteur de production à part entière qui s’accumule, qui peut-être stocké et surtout qui a une valeur économique de même qu’un taux de rendement. L’apport de Rémy Nainsouta est, il faut toutefois le souligner, assez marginal au regard des recherches théoriques des économistes tels Mincer, Becker ou Schultz. Mais cet apport est tout de même conséquent. Revenons, avant tout, sur l’histoire de ce concept.

a. Une histoire ancienne

Il faut sans doute remonter au moins jusqu’à Sir William Petty, c’est à dire au XVII siècle, pour voir la première analyse de l’éducation, de l’expérience et de ce qu’il appelle l’art. D’après W. Petty, la richesse d’une nation repose sur deux piliers. Premièrement, elle repose sur la valeur de la terre, elle-même fonction de la rente. Deuxièmement, elle repose sur la valeur de la population qui est fonction de la productivité du travail. Petty vient à dire que le “travail est le père et le principe actif de la richesse de même que la terre en est la mère ».

Adam Smith trouvant dans la division du travail la source de l’opulence des puissances productives notait au moins trois bénéfices liées à cette division du travail : a. l’économie de temps. b. l’invention de nouveaux outils et de machines. c. La spécialisation des travailleurs qui améliore la dextérité à la tâche. Il est clair que pour l’auteur de la Richesse des Nations, la formation et l’apprentissage sont des éléments importants dans la détermination du niveau de productivité des travailleurs et de ce fait de la richesse des nations. Il ne faut pas oublier également la discussion de Pigou sur l’investissement dans l’humain.

Pour autant l’éducation peut-elle être considérée comme un facteur de production au même titre que le capital physique ? La réponse à cette question sera donnée bien plus tard par les économistes contemporains.

b. Les développements modernes et la naissance du terme de capital humain

Il est communément admis que c’est Schultz qui « inventa » le terme de capital humain pour désigner l’ensemble des qualifications et des compétences des individus. Dans le même temps des auteurs comme Mincer J., vont mettre l’accent sur la fonction de gains, la rentabilité des études, etc [1]. Quant à Becker, il va montrer que l’analyse économique des compétences, des qualifications, de l’éducation dans un sens large ne diffère pas fondamentalement de celle des autres facteurs de production comme le capital physique. Il va ainsi introduire dans cette partie de l’analyse économique des notions traditionnelles et fondamentales comme par exemple le "coût d’opportunité" (de l’éducation).

Une hypothèse centrale de cette théorie est que l’éducation, la formation, l’apprentissage par la pratique permettent d’élever la productivité du travail. Ainsi, le capital humain est le seul facteur qui puisse expliquer qu’à l’équilibre propre sur le marché du travail (i.e. sans externalités), il y ait des différences de gains entre les agents. C’est un résultat central de la théorie du capital humain. Croire en la validité de ce lien, c’est faire reposer sur l’éducation (en définitive sur l’homme) la responsabilité des différences de développement dans le monde. Inversement, c’est faire de l’éducation une panacée universelle pour la résorption des inégalités entre individus au sein du même pays mais aussi et surtout entre pays différents. Cette hypothèse est donc d’une importance considérable notamment du point de vue de la politique éducative d’une nation.

Mais Rémy Nainsouta a utilisé dès janvier 1944 ce terme de « capital humain » [2] pour désigner ce que nous appellerons aujourd’hui le savoir, la connaissance et le capital santé. Il utilise le terme de capital humain, sans pour autant en faire un concept, dans un sens proche de celui retenu par Becker mais il attribuait au capital humain un rôle beaucoup plus large. Il affirmait, en effet, que le capital humain est indispensable au développement économique d’une nation. Voyons plus en détails cela.

c. Le rôle du capital humain selon Rémy Nainsouta

L’auteur accorde une place toute particulière à l’apprentissage des métiers manuels et au sport. Il souhaitait que des rudiments de pratiques des métiers manuels soient enseignés à l’école pour « ennoblir le travail de la main » et pour faire bénéficier à ces métiers des avantages liés à l’accumulation de capital humain et donc au progrès des connaissances. Relevons ce passage (voir Chancé page 218-219),

...mais biens des jeunes gens qui, faute de chance ou de savoir suffisant, n’ont pas réussi au bachot, au lieu de faire des déclassés, trouveraient des orientations conformes à leurs dispositions artisanes. Ils iraient ennoblir, féconder de leurs connaissances les professions manuelles et ces dernières, cessant d’être l’apanage des incultes, réaliseraient maints progrès fort souhaitables.

Pensez à ce qu’il en serait de la chirurgie, si elle était demeurée l’art des barbiers !

Puisse donc l’école de demain, à tous ses degrés, comporter un enseignement manuel obligatoire !

Le résultat serait selon Nainsouta une meilleure reconnaissance de ces métiers et surtout une meilleure cohésion sociale. C’est une idée qui sera développée par les théoriciens du développement. Un bon niveau d’éducation de la population peut permettre une meilleure compréhension du cadre législatif et institutionnel et par suite un respect plus étroit des concitoyens et de la démocratie.

L’auteur renchérit en disant que l’accumulation et le « perfectionnement du capital humain » se ferait par la « culture du corps et de l’esprit » (Voir D. Chancé page 76) ; preuve évidente de la place centrale que revêt le capital humain dans la pensée de Rémy Nainsouta.

Sur la base de sa croyance en les forces humaines du pays, ce qu’il désigne par le capital humain, de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, il veut proposer un projet global de développement économique et social. Pour cela, l’auteur analyse en premier lieu ce qui convient d’appeler les sources du mal-développement.

Un programme économique, un programme de société

Nous envisagerons cette partie à travers deux sections d’inégale importance. La première revient sur une obsession de l’auteur : la fin de la dépendance économique. La seconde sur les atouts dont dispose l’île de la Guadeloupe pour réussir son développement économique.

a. Mettre fin à la dépendance économique

En soulignant, d’une part, quelques absurdités dans les relations économiques entre les DFA et la métropole et, d’autre part, la main mise de grands groupes industriels sur l’économie locale, Rémy Nainsouta voulait inciter le peuple guadeloupéen à réfléchir sur des détails de la vie de tous les jours qui ne sont pas moins révélateurs des carences de notre système économique. Il résumait en une phrase le paradoxe guadeloupéen, s’il en est : beaucoup de misères au milieu de ressources naturelles illimitées.

Face aux difficultés économiques mises en exergue sous le régime de Vichy et de son mandataire Sorin pendant la seconde guerre mondiale, Nainsouta va essayer de proposer plus qu’un programme économique mais véritablement un programme sociétal.

Si d’un point de vue strictement économique, sa politique d’autosuffisance alimentaire et économique est très discutable, il met toutefois en avant un point essentiel sur le mode de vie antillais : nous vivons à l’européenne dans un environnement caribéen sans voir la richesse naturelle, qui plus est parfaitement adaptée à nos besoins, qui nous entoure. A travers quelques détours humoristiques (notamment l’histoire de Clodomir Kiphen), il met en évidence la faiblesse de l’épargne locale qui est selon l’auteur la conséquence de salaires peu élevés et d’habitudes de consommations dispendieuses. En elles-mêmes ces habitudes dispendueuses ne sont pas averses au développement économique ; mais c’est parce qu’elles sont satisfaites, dans une très large mesure, par les importations qu’elles ne contribuent pas ou trop peu au développement. La conséquence de ceci est la faiblesse de l’investissement et une accumulation de capital peu importante et donc peu propice au décollage économique. A y bien regarder, ces habitudes dispendieuses sont elles-mêmes le produit de cette dépendance économique et financière.

Pour Nainsouta, le développement économique repose sur 3 piliers :

Il attire notre attention sur le comportement de « l’élite guadeloupéenne » et des politiques. Si la force d’un pays réside en partie en son élite intellectuelle et dans ses politiques, le moins que l’on puisse dire c’est que Nainsouta ne voyait ni en l’un ni en l’autre les moteurs du développement. Selon lui, les premiers migrent et vont dépenser ailleurs les richesses amassées localement. Les seconds gouvernent « au profit de quelques-uns » (voir D. Chancé page 57) et par là-même maintiennent le « fameux pacte colonial » (page 58).

L’analyse de l’auteur atteint son apogée avec la critique de la dépendance économique de la Guadeloupe : « Eh oui, Guadeloupéens, nous possédons tout et nous importons tout ». Plus loin, il atténue ses critiques en disant : « Oui nous importons trop. Là est le mal et non la paresse qu’on prête gratuitement à nos populations ». Nainsouta a bien vu que la multiplication des intermédiaires commerciaux et la quasi-exclusivité des échanges avec la métropole étaient en grande partie à l’origine de prix élevés dans les régions d’Outre-Mer. Il a compris également que la fragilité du tissu économique local résidait en partie sur la faiblesse de la demande locale.

La question est de savoir sur quelle(s) base(s) pouvons-nous assurer le développement économique de l’île ? C’est le second thème de cette étude.

b- Construire une économie basée sur les ressources naturelles et de façon à satisfaire la demande locale

La question de la constitution d’une économie locale solide nécessite de prime abord l’abolissement des préjugés de toute sorte et notamment les "préjugés alimentaires". Ceux-ci renforçant la dépendance économique en ce sens que la demande locale s’adresse quasi exclusivement à l’offre extérieure. Ce propos est résumé à travers le passage suivant (voir Chancé page 75-76),

Et, dans le rayon des boissons désaltérantes, est-il rien de meilleur, de plus économique que le sirop de canne, l’épais sirop de batterie, dilué préalablement dans l’eau glacée ? Mais n’en demandez pas dans les cafés : les serveuses vous regarderont d’un oeil inquiet.

Non ! il nous faut du peppermint, des grenadines, comme il nous faut du pain, du riz, des pommes de terre, de la morue : il nous faut des impor-ta-tions... Voyez comme les intermédiaires ont beau jeu !

L’auteur attire également notre attention sur la nécessité de mécaniser l’industrie locale pour faire chuter le prix à l’unité des produits vendus localement, de développer et d’améliorer les moyens de transports.

C’est véritablement dans ses conférences intitulées "Nos trésors bloqués" et "Au seuil de la prospérité" que Rémy Naisouta donne des pistes de réflexion sur le développement économique. Tournons-nous vers les mesures et les pistes de réflexion qu’il proposa.

Le tourisme

La première d’entre elles est le tourisme. Le conférencier présente Sainte-Anne, le Moule, le Gosier, Sainte-Rose, Terre-de-haut, Vieux-Habitants, Pigeon, etc., comme des atouts touristiques qu’il convient d’aménager pour recevoir les touristes. De nos jours, le Gosier est devenu le centre touristique par excellence de la Guadeloupe. Le Moule et Sainte-Anne se développent grâce au tourisme. Il en va de même pour Terre-de-haut. La côte sous-le-vent a connu ces dernières années un développement significatif. Toutefois, selon Nainsouta, l’initiative privée n’est pas capable de mettre en valeur le secteur touristique. D’où, il préconise une intervention des pouvoirs publics.

Une autre source d’entrée de devises mise en évidence par Nainsouta, et qui revêt pour le maire de Saint-Claude une importance particulière, est le thermalisme. La Guadeloupe dispose en effet de nombreuses sources thermales de "compositions variées" comme Dolé à Gourbeyre, Ravine Chaude au Lamentin, Bains-Chauds au Matouba ou les bains sulfureux de Sofaïa à Saint-Rose pour les plus connues d’entre elles. Le problème étant que ces sources au moment où parlait Rémy Nainsouta n’étaient pas aménagées pour recevoir décemment les éventuels touristes ou malades. Aujourd’hui quelques aménagements existent notamment à Ravine Chaude où il y a un centre de balnéothérapie. L’auteur rajoute,

C’est par milliers que Ravine-Chaude et Bains-Chauds recevraient chaque année les malades, si le nécessaire était réalisé pour que des eaux aussi bienfaisantes ne continuent pas à couler sans utilité.

C’est par milliers que les étrangers viendraient se baigner à la Guadeloupe, si les aménagements que le bon sens et l’humanité réclament étaient exécutés. Nos fontaines de Jouvence attireraient sur le pays une pluie continuelle de dollars.

Persuadé qu’il était des atouts de son île, il voyait même la Guadeloupe dans les prochaines années comme devant être un "grand centre d’attraction thermal et touristique de la Méditerranée américaine". Rémy Nainsouta ne manquait pas d’ambition !

L’auteur sensibilisé au problème de l’accueil souligne (Voir Chancé page 188),

Il faut ensuite séduire la clientèle par la sympathie de l’accueil, lui assurer, s’il est étranger, le secours d’un interprète, pourvoir à son confort matériel et à son divertissement... Le touriste devra trouver, dans les principaux centres ou stations, cuisine soignée, confort et commodités, services impeccables, visages souriants, menues curiosités de fabrication locale.

Il est fort intéressant que notre auteur se penche sur le problème de la qualité de l’accueil. Un séjour touristique c’est bien évidemment jouir des plages, des rivières, des montagnes, de la campagne, etc., mais c’est aussi (et nous serions tentés de dire surtout) rencontrer des locaux.

Le développement des cultures vivrières

Selon l’auteur, la prédominance de la culture de la canne à sucre est un frein au développement des cultures vivrières qui se substitueraient avantageusement à la canne et aux importations de riz ou de farine. Il dit en effet (voir Chancé page 80-81),

Une économie bien comprise, visant à satisfaire l’intérêt général, réduira évidemment, au profit des cultures alimentaires et jusqu’à saturation de notre marché intérieur, l’aire démesurément consacrée à la canne à sucre.

Le but de cette politique serait de substituer au commerce d’un produit dont le prix a chuté depuis les crises sucrières du XIXème siècle un commerce de produits à plus forte valeur ajoutée. Parmi ces produits, il cite l’avocat, le letchi, l’ananas, la vanille, le miel et le manioc.

L’eau, le sol et le sous-sol

L’eau constitue un sujet d’importance pour notre auteur. Il en parle à de multiples reprises dans Sésames ou les clés de la prospérité créole, Nos trésors bloqués et Au seuil de la prospérité.

L’ex-maire de Saint-Claude préconisait de domestiquer l’énergie des nombreuses chutes d’eau et des rivières pour produire de l’électricité (la houille blanche) afin de ne pas dépendre des importations de pétrole. De plus, cette énergie est par opposition à ce dernier propre. Par ailleurs, selon notre auteur, elle pourrait être produite à moindres frais. L’auteur dit en effet,

... le premier souci devrait être de la retenir en multipliant les barrages, les barrages qui, par décantation, arrêteraient la terre végétale, limon récupérable sans cesse charrié à la mer, hélas ! ainsi que le sable et le gravier ; les barrages qui assureraient des réserves d’eau pour parer aux sécheresses prolongées comme celle que nous venons de subir, qui fertiliseraient les rives par imprégnation étendue, permettraient les adductions et les irrigations, fourniraient la houille blanche, créeraient des sites nouveaux pour les excursionnistes en ajoutant aux attraits naturels du paysage.

Enfin, Rémy Nainsouta voulait que l’industrie du bâtiment utilise plus abondamment les matériaux de construction locaux comme la chaux, le sable ou la pierre en lieu et place du bois importé qui n’est pas nécessairement adapté au climat local et de surcroît particulièrement cher.

Conclusion

Peu de réflexions économiques et sociales ont été laissées par des auteurs guadeloupéens au sujet du développement économique des DFA. Chose paradoxale car le problème du développement économique a été et reste le problème central des DFA.
L’ancien maire de Saint-Claude n’est certes pas un économiste de formation mais il a bien cerné les difficultés dont souffrent les Antilles et particulièrement la Guadeloupe. Ne s’arrêtant pas à de simples constatations, il proposa des pistes pour sortir de l’engrenage du mal développement causé par la survivance du fameux pacte colonial. Rémy Nainsouta est le seul auteur guadeloupéen de cette époque, à notre connaissance, à avoir une véritable réflexion économique d’ensemble c’est à dire de l’identification des problèmes jusqu’aux remèdes en passant par une réflexion sur les forces vives du pays.

Nous pouvons regretter toutefois que Rémy Nainsouta n’ait pas laissé plus de « textes économiques » car sa réflexion témoigne d’une prise de conscience profonde des difficultés économiques mises en évidence par le second conflit mondial.

Il en ressort des quelques écrits et conférences de Rémy Nainsouta une croyance inébranlable en les forces endogènes de la Guadeloupe pour sortir du mal développement. L’un des problèmes majeurs, sinon le problème majeur soulevé par l’ex-Maire de Saint-Claude, est l’européanisation des modes de vie aux Antilles et le recours systématique et quasi-exclusif aux productions de la métropole. Ces deux phénomènes se renforçant mutuellement pour entraver le développement économique de l’île et son ouverture à son espace économique "naturel" c’est à dire la Caraïbe.

Enfin, terminons ce texte comme l’a fait Rémy Nainsouta à la fin d’une allocution qu’il prononça en 1946 au sujet de l’assimilation :
Vive la France ! Vive Schoelcher ! Vive la Guadeloupe !

A lire

Nainsouta R., Ecrits créoles (1941-1948), présentés par Dominique Chancé, Collection Monde caribéen, Editions Karthala, 300 pages.

Schultz T. (1960), Capital Formation by Education, Journal of Political Economy, Vol. 68, n°6, pp. 571-583.

Smith A. (1776), Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, Livre I et II, Economica, 2002, 389 pages.

[1] Donnons quelques références bibliographiques. D’abord quelques références incontournables : 1. Becker G. (1962), Investment in Human Capital : a Theorical Analysis, Journal of Political Economy, n°70, pp. 9-49. 2. Becker G. (1964), Human Capital, A Theorical and Empirical Analysis with Special Reference to Education, NBER, 187 pages. 3. Mincer J. (1958), Investment in Human Capital and Personnal Income Distribution, Journal of Political Economy 66(4), pp. 281-302. Un survey très intéressant : Kiker B. (1966), The Historical roots of the Concept of Human Capital, Journal of Political Economy, Vol. 74, n°5, pp. 481-499.

[2] Dans un article paru le 15 janvier 1944 dans le journal Liberté, Rémy Nainsouta disait : "Songerez-vous, un jour prochain, à la nécessité de ranimer les forces défaillantes de votre capital humain - et les vôtres - en mettant à la portée de tous, le plus économique des élixirs, l’âme de sources ?" (voir Chancé page 212).